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Bilan de la 1ère année du site 

 

Le site est né le 7 mai 2014. 10 membres de l’association Metanoïa y  étaient alors inscrits.

Au 7 mai 2015, le nombre de membres de l’association inscrits sur le site était passé à 20.

Pendant cette première année, les différentes rubriques se constituèrent de la façon suivante.

1-Textes d’Emile Gillabert

Quinze textes d’Emile Gillabert furent mis sur le site, à savoir :
– le poème « L’enfant »,
– deux commentaires du logion 54 et
– les éditoriaux ou extraits de Cahiers Metanoïa ayant pour titre : « Amour humain-Amour divin », « Approche de la non-dualité », « Le corps, pierre de touche de la connaissance », « L’esprit », « Incarnation-Théophanie », « Intronisation du JE », « Ma relation au corps », « Le miroir », « Possession-Dépossession », « Le pouvoir », « La relation dans la non-dualité » et « Le triptyque ».

Y furent adjoints un texte d’André intitulé « Les mots d’Emile » et un texte de Christian intitulé « Mes bons mots d’Emile ».

Enfin quarante extraits de lettres rédigées par Emile Gillabert furent mis sur le site dans cette même rubrique.

2-Cahiers Metanoïa

Quatre Cahiers déjà publiés furent mis sur le site (les Cahiers 147 à 150) et quatre nouveaux Cahiers y furent mis après avoir été réalisés par Yves (Cahiers 151 à 154).

3- Textes privés

Onze textes privés furent publiés, à savoir :
– un commentaire du logion 54 par André,
– trois commentaires des logia 55, 56 et 57 par Christian,
– un texte de Jean-Paul : « Qui suis-je ? »,
– deux poèmes, « La part du ciel » et « Signe », ainsi qu’un commentaire du logion 22, par Louis-Marie et
– deux textes de Michel sur « Une métaphysique selon Thomas » suivis de « Variations sur une métaphysique ».

4-Réflexions ouvertes

Trois réflexions ouvertes furent mises en ligne, sous les titres suivants :
– « Des yeux à la place d’un œil », initiée par Michel,
– « Ils sont venus au monde vides et en sont même à tenter de repartir vides », initiée par Christian et
– « La mort initiatique » initiée par Louis-Marie.

Le responsable du site

Hommage à Monique Gillabert

Voici que tu rejoins Emile, ma chère Monique, vingt ans après son départ.

Vingt années pendant lesquelles, grâce à toi, il n’a jamais cessé d’être parmi nous.

D’abord, en raison même de ta propre présence, toi qui t’es trouvée à ses côtés de bien longue date, notamment dans votre maison de Marsanne ; votre maison toujours si accueillante.

Ensuite, parce que tu as poursuivi son œuvre ; votre œuvre à deux en fait, tant tu as été, sur tous les plans, partie prenante dans son élaboration et dans ce qui a fait l’essentiel de votre vie : la gnose.

Cette vie et cette gnose que, de rencontres en rencontres, à Marsanne, des années durant, et à la faveur des Cahiers Métanoïa – dont tu as, jusqu’à la fin, efficacement et fidèlement assuré la maîtrise d’œuvre  – Emile et toi avez très généreusement partagées avec nous. Et avec quiconque voulait et pouvait s’y prêter.

Il suffisait, pour cela, d’être en plein accord avec vous ; non sans quelques dissonances, de celles qui font, comme dans la musique contemporaine, le piment de la vie !

En tout cas, toujours en plein accord avec l’essentiel.

Ainsi, chez vous deux – vous deux et vos fils, qui ont toujours fait profondément partie de votre union – il était donné de vivre l’unité dans la diversité.

L’unité qu’il nous est toujours donné de vivre hors l’espace et le temps, car elle est sans amont et sans estuaire.

Elle est, c’est tout.

C’est de nous avoir permis – et de continuer de nous permettre – de vivre cette unité au quotidien, qu’à toi, comme à Emile, nous devons tous un grand merci.

Jacques

lu le 15 juin 2015 pour tous les amis de Métanoïa

 A Monique

Créé pour toi chère Monique, le titre de Madame Maman, associé à toi dans mon cœur pour toujours, grande dame de l’amour, de l’équilibre, de la générosité, de l’efficace, de l’énergie, du dévouement et … de la blague!

Cordon bleu (blanc, rouge ), maîtresse femme, j’arrête là, Emile était un homme de goût, non?

Je te le confiais il n’y a pas si longtemps:  » Que serais-je sans vous? « .

A toujours.

 Louis-Marie
lu le 15 juin 2015

 Monique, ma Monique, notre Monique,

D’abord, ici, en ce lieu qu’il n’y ait aucune méprise, même si ce ne doit être qu’entre nous, il n’y a place ici que pour la joie, le bonheur, l’exaltation, l’amour. Qu’on ne compte pas sur toi, qu’on ne compte pas sur nous pour divaguer sur la vie, la mort, le péché originel, la résurrection de la chair et quantité d’affabulations qui font ou qui ne font pas des réponses aux plus grand nombre !

Toi Monique et nous, n’avons rien avoir avec ce monde, nous sommes vivants, éternellement vivants et la mort ne nous concerne pas. Nous sommes des esprits directement issus du Père et notre chemin nous ramène immanquablement à lui parce que, purs esprits, nous sommes depuis toujours et à jamais pure essence, pure conscience, pure félicité. Pur Sat, chit, ananda !

Pas un seul parmi nous et toi la première qui a vécu pendant trente-six ans l’intermède du monde empirique au côté d’un être éveillé, n’a jamais pu douter de l’exaltation de notre vraie nature.

Le corps est un cadavre, et le monde est un cadavre, nous enseigne Jésus. Tout ce qui n’est pas vu directement par le prisme du Soi, n’a aucune réalité mais, même si ce monde est une illusion, nous l’acceptons par amour du Père. Par amour du Père, nous nous laissons enfouir dans ce qui n’existe pas et nous luttons pour retrouver la pleine conscience de ce que nous sommes et que, d’ailleurs tu le vois en ce moment, nous n’avons jamais quitté. Le Père était un Dieu caché et nous sommes nous-mêmes des Dieux cachés et, par le grand mystère de l’incarnation, nous avons été mis sur le chemin du retour. C’est pourquoi les gnostiques que nous sommes, respectent infiniment le corps car, s’il n’a pas de réalité au niveau de l’essence suprême, il a un rôle dans notre reconnaissance de nous-même par nous-même et pour nous-même. C’est la seule raison pour laquelle, en ce moment, nous déposons ce corps dans la terre d’où il est venu, à côté de celui d’Emile qui, lui aussi, a fait, dans ce monde trouble, un sublime chemin…

Mais, encore une fois, qu’il n’y ait pas la moindre ombre à notre bonheur. Quand la voiture est vieille, nous la conduisons à la casse et nous pouvons nous poser la question : qui est mort ? La conductrice ou l’auto ?

Les hommes, quels qu’ils soient, vivent dans l’inconnaissance mais, en Occident, ils y rajoutent une relation maladive à la mort. Surtout qu’on n’en parle pas, surtout qu’on se la cache, surtout qu’on ne s’y prépare pas… Elle fait tellement peur et ces siècles ont si peu de réponse que l’Occident encore plus que les autres se comporte en cette affaire dans un enfantillage malsain.

Les dernières semaines de ton corps Monique furent pénibles et je ne sais si ton cerveau à moitié détruit te permettait encore quelques consciences. Outre la difficulté que nous avons eu à te voir dans cet état, nous n’avons pas eu d’autres recours que de prier les grandes âmes qui nous accompagnent tous, de te délivrer d’un corps qui n’avait plus de fonctions. Depuis notre dernière visite, je n’ai cessé de demander à Emile de te délivrer de cette prison muette.

Il y a quinze jours, nous sommes venus te rendre visite, Jacques, Yves, Michel, Claude. Nous sommes restés une heure et demie avec toi sans pouvoir échanger le moindre mot. Notre Monique était devenue une sorte de statue immobile, fixant sans cligner les yeux le mur d’en face et ne présentant aucune réaction à nos paroles.

Jacques enfin nous dit qu’il était temps de partir. Nous nous levâmes pour venir t’embrasser les uns après les autres. Comme j’étais le premier, je serrai ta tête doucement contre ma tête et je te dis lentement : « Monique nous t’aimons, nous t’aimons, nous t’aimons. »

Devant nos yeux stupéfaits, la statue alors s’alluma, s’anima et tu nous dis fort et distinctement : « Moi aussi, je vous aime tous ! » et la statue reprit son immobilité.

Troublés, les larmes aux yeux, nous rentrâmes à Marsanne. Décidemment, il n’y avait que la vie !

Arrivé devant la maison, je me souvins de la première fois où je poussais la lourde porte de chêne. C’était toi qui m’accueillais entourée d’une meute de chiots sous laquelle disparut instantanément mon petit garçon et j’eus là, spontanément, devant toi un sentiment de paix et de calme. Tu m’as conduit auprès d’Emile avec qui j’ai eu mon premier entretien pendant trois ou quatre heures.

En m’ouvrant ta porte, tu changeais radicalement ma vie. Pendant des années, depuis la plus petite enfance, fou de Jésus et tristement trahi pas le christianisme et toutes ses histoires auxquelles je ne pouvais porter crédit, j’avais demandé ardemment une âme éclairée, un maître, un compagnon, un homme qui savait quelle était sa réalité éternelle et qui pouvait m’aider comme il le faisait déjà depuis quatre ans dans ses commentaires de l’Evangile de Thomas, à comprendre et à approfondir les vraies paroles du Maître parmi les maîtres.

Le reste nous est commun : pendant trente-cinq ans, nous avons vécu dans le respect, dans la fidélité, dans l’amour. Certes, nous n’étions pas nombreux, surtout après le faux départ d’Emile, mais le message était passé et nous étions définitivement des vivants. Que dire de la part pratique, au-delà de ton dévouement et de ton amour pour les autres, que tu as apportée à toutes ces décennies lumineuses. Tout le travail de documentation, d’étude, de classification que tu as fait au côté d’Emile pour l’aider dans la rédaction de huit livres majeurs !

Que dire de l’incroyable énergie que tu déployais alors que nous débarquions à vingt-cinq chez toi et que ta présence n’était pour nous que dévouement. J’entendrais toujours le choc précipité de tes talons sur les dalles qui témoignait de l’incroyable énergie que Monique déployait en toutes choses.

Depuis vingt ans Emile a quitté son corps et, curieusement, j’ai pour ma part un rapport intime encore plus fort avec lui. Je t’invite donc à la fête, toi qui est maintenant dans la Lumière et apte à la voir lorsqu’elle scintille dans le monde matériel.

Qui peut nous séparer de toi ? Qui peut nous enlever Monique ? Qui peut l’empêcher de vivre devant nous ? Comme nous, éternellement.

Pour ma part, c’est peu dire que j’ai trouvé à Marsanne, dans ce que j’appelais « la maison de lumière », tout ce que j’attendais et tout ce que je demandais à ce Jésus aimé éperdument.

Sous des formes diverses, mes frères et mes sœurs qui sont ici, je le sais, sont comblés comme moi et, comme moi, ils t’embrassent toi « Monique la vivante », dans un baiser sans fin…

Pour l’éternité, Jésus t’a donné les réponses :

Si les gens te demandent : d’où viens-tu ?

Dis : Je suis venue de la Lumière, elle s’est levée et manifestée dans mon image.

S’ils te disent : Qui es-tu ?

Dis : Je suis sa fille et je suis l’élue du Père le Vivant.

S’ils te disent : Quel est le signe du Père qui est en toi ?

Dis : C’est un mouvement et un repos.

Comme Emile le fait lorsque nous sommes devant une certitude absolue, je lui prête ma bouche et il dit : Amen !

Claude
lu le 15 juin 2015

Chère Monique,

En cette circonstance, je voudrais saluer ton union avec ton mari. Car, si c’est bien les mots d’Emile qui m’ont attiré à vous deux il y a plus de trente ans, je n’ai cessé d’être impressionné par ce que j’ai perçu de votre relation de couple, et tout particulièrement de l’écoute, de l’attention,  du respect mutuel, de l’épanouissement que vous y avez manifestement trouvés tous deux, et qui ont permis de nous recevoir régulièrement, parfois nombreux chez vous dans votre si belle intimité alors partagée, lors de séjours vécus comme une ressource au coeur de ce que l’humain a de meilleur.

Merci

Le 15 juin 2015 dans le bureau d’Emile

Monique n’est plus là sous sa forme, on a mis son corps en terre.

Dans l’après-midi, la famille nous reçoit dans la belle maison de l’Escurie pour l’évènement, et en fin d’après-midi les Métanoïa présents se retrouvent spontanément une quinzaine de minutes dans le bureau d’Emile pour ce qui peut être un adieu à ce lieu chargé de présence.

Nous sommes une dizaine, nous nous asseyons et immédiatement, mes yeux fixent un point du sol sans bouger, ma pensée se ralentit et je ressens l’intensité du silence rempli de plénitude, comme quand Emile l’instaurait par sa parole et sa présence, comme nous avons su le retrouver parfois au cours des vingt dernières années, trop peu à mon goût.

Emile disait souvent alors : « le mental n’en mène pas large ! », puis il annonçait qu’il allait reprendre inévitablement la main, et effectivement le débat reprenait. J’étais heureux dans ces moments-là, j’avais envie de rire et me retenais. Nous vivions là des instants magiques d’effacement de la pensée, tout le monde en était-il pleinement conscient je ne sais, mais en ce qui me concerne ces moments étaient délicieux je ne sais comment dire, le mot plénitude est le mieux adapté. Ravissement convient aussi, ou jubilation qu’Emile affectionnait.

Et voilà que cet après midi je suis gratifié de cet émerveillement enfantin avec plus d’intensité que je n’y parviens dans mon havre de verdure vauclusienne où pourtant je cultive le pur esprit avec bonheur : est-ce votre présence chers amis présents, ou bien est-ce ce lieu densément habité et fréquenté trente années durant dans lequel il m’a tant été donné, ou bien les deux…..

Christian

Chère Monique,

Tu m’as laissé entrer dans la famille des Metanoïa bien que je sois, comme toujours, en marge de toute norme, et tu as conservé, pendant toutes ces années où tu m’ouvris la porte de Marsanne, cette formidable capacité d’accueil et cette merveilleuse ouverture d’esprit qui ont fait que tous les Metanoïas qui étaient présents au décès d’Emile, sont restés attachés à perpétuer le message qu’il nous avait légué.

Tu as été pour moi une sœur aînée qui se confiait à moi comme je m’étais confié à Emile. Tu es toujours là à mes côtés, solide, souriante, et c’est cela qui compte.

Michel

Emile, le Père. Monique, la Mère. Le Fils unique, Metanoïa ?

Par quel Mystère le Vivant peut-t-il du Vivant engendrer le Vivant ?

Comment le Non-né peut-t-il s’incarner dans la chair pour vivifier le Non-né ?

La Parole est expression de la Vie et comme elle, elle est éternelle. Comment la Parole pourrait-elle s’occulter ? La Parole est toujours présente. La Parole descend en ce monde et le monde se voile la face pour ne pas la recevoir. Rejetés et persécutés par le monde, ceux qui vivent dans le monde sans être du monde en sont les réceptacles et les gardiens. Connaissant l’inestimable valeur de la Perle unique, ils préfèrent la dissimuler pour mieux la préserver dans quelque jarre au fond du désert. Et lorsque le trésor est découvert quelques siècles plus tard, bien peut savent reconnaître la vérité de la Parole. Et pourtant, il suffit d’un seul…

Émile est de ceux-là. Émile est celui-là. Détenteur de la Parole, il la recueille et la diffuse afin d’éclairer ceux qui sont aptes à la recevoir. Toute son existence terrestre est consacrée à ce Grand œuvre, Monique à ses côtés, n’hésitant pas à calligraphier intégralement la version copte de l’Évangile de Thomas, à dactylographier les textes d’Émile, à mettre en forme les Cahiers numéro après numéro, à se charger de toute l’intendance des séminaires.

A la fin de l’existence terrestre d’Émile, Monique continue son travail. Entièrement dévouée à la Gnose, c’est grâce à elle que les Cahiers Metanoïa ont pu poursuivre année après année leur petit bonhomme de chemin. C’est grâce à elle que les initiés d’Émile ont pu se retrouver à Marsanne dans la joie de se réunir tels des frères dans l’Un. Chez Monique où toujours ils ont trouvé le gîte et le couvert, et le bon accueil de l’hôtesse au grand cœur toujours ouvert. Au grand cœur ouvert sur l’Ouvert… Merveille de merveilles…

Et voilà que vingt ans après, tu décides de rejoindre Émile… que pourtant tu n’as jamais quitté et qui ne t’a jamais quittée… Mystère éternel de la Présence de l’Absence…

Il y a de la lumière au-dedans d’un être lumineux et il illumine le monde entier.

Comment donc te dire Adieu si ce n’est A Dieu, en la Parole, en la Vie…

Une page se tourne. Une autre s’ouvre. Mais qu’y a-t-il de changé ? Y a-t-il jamais eu une page ? Ou même quelqu’un pour tourner la page ? Les jours s’en vont. Ce que Je suis demeure…

Émile est le Vivant. Monique est le Vivant. Metanoïa est le Porte-Parole du Vivant.

Et le Vivant ne meurt pas…

Yves

Variations sur une métaphysique

 

Variation 1

Je suis la matrice éternelle,
étale et liquide, je ne suis qu’horizon.
Horizontale, trop horizontale, un désir de verticalité m’anime.

Aussi, du plus profond de moi, monte une colonne de désir
qui surgit, brisant mon uniformité ;
solide et dressée
elle porte en son sommet un soleil rougeoyant
qui se tient debout, ancré dans mon inconnaissance
et exulte.

Du plus profond de lui jaillit ma lumière
en une myriade d’étincelles
infiniment multiples
que j’envoie explorer les ténèbres.

 

Variation 2

Chaque parcelle de moi-même s’enfonce
en un monde de peurs, un monde de dangers
dont elle croit se protéger
en se faisant matière
mais matière illusoire.

Aucune halte n’est possible,
tout regard en arrière est interdit,
chaque parcelle  de ma lumière est prisonnière
de mon désir de me connaître.

Parfois, très rarement,
une étincelle prend conscience
du caractère illusoire du monde qui l’entoure,
et la chaleur qui l’anime,
la prévient
d’être engloutie par les ténèbres.

Elle me voit alors
et consume la gangue du multiple
afin, perle unique,
de ne plus faire qu’Un
avec moi.

 

Variation 3

Si, au terme de ce long voyage,
mon envoyé a compris enfin
qui il était, il revient à mon inconnaissance,
vide de tout désir, totalement en repos.

Mais il n’y a de repos
que pour celui
qui accomplit jusqu’au bout
le mouvement que j’exige.

Ceux qui mettent genou à terre,
fuyant dans l’angélisme
le mouvement inexorable que je leur impose,
je les abandonne
à leurs tristes prières.

Ceux-là valorisent leur âme
au dépens leur corps,
corps pourtant sublime
d’où rayonne ma lumière.

 

Variation 4

Il n’y a de voyage que pour mes envoyés
car, en moi, tout est  là,
tout est instantané.
En permanence je suis là
et peux surgir en tout lieu, à tout moment.

Le monde que parcourent mes envoyés,
est une illusion qui a son espace, son temps
et sa propre logique
dans laquelle je ne me sens nullement impliquée.

Ce monde étant cruel,
il est naturel
que mes envoyés  m’en maudissent ;
certains s’essayent à l’améliorer ;
cela ne les rapprochera pas
de moi.

 

Variation 5

Pour me connaître, je me divise
Mais, continuer de diviser,
c’est délaisser ma lumière.

Les éléments de moi
qui se croient uns,
se prennent pour moi,
le seul Un.
Ils méprisent et divisent ;
ce faisant, ils sont diaboliques.

Néanmoins, ils me parviendront
tout comme les envoyés
qui ont conservé ma lumière.

Aussi quand je les réintègre,
j’intègre en moi le diable,
qui résulte
de mon œuvre.

 

Variation 6

Dans la myriade d’étincelles
que projette le soleil
qui surgit verticalement
de mon horizontale et insondable inconnaissance,
seule une entre mille
et deux  entre dix-mille
parviendront à moi
pleines de ma lumière.

Elles me rapporteront aussi
la lumière
que les autres ont laissé échapper.

Mais, aux unes comme aux autres,
la capacité à conserver
ou à laisser échapper
ma lumière,
est inscrite dans la projection initiale.

Elles n’y peuvent  rien
car seule je suis libre.
La liberté m’appartient en propre.

 

Variation 7

Je me voile aux ténèbres
à travers le voyage
que font les étincelles
de ma lumière.

Mon voile est incrusté
des pierres illusoires,
ces gangues du multiple
qui enserrent mes envoyés.

Lorsque, par bonheur,
un de mes envoyés
perçoit ma lumière
à travers l’opacité
de la gangue d’images qui l’entoure,
il saisit l’épée qui transperce les murs
et tue le personnage
qui se prenait pour moi.

Il est alors nu et vulnérable
tel l’enfant qui vient de naître.

Moi , je retire mon voile
et me jette sur lui
afin de m’unir à lui
dans la chambre nuptiale.

Et lui boit à ma bouche
et devient comme moi.

Une métaphysique selon Thomas (avec références)

Une métaphysique selon Thomas (avec références)

« Le mot « JE » n’appartient en propre à personne, sinon à Dieu seul dans son unité » (Maître Eckart-sermon 28).

« J’étais un trésor caché et j’ai désiré me connaître ; c’est pourquoi j’ai conçu la manifestation » (Hadith du trésor caché, Emile Gillabert-Intronisation du JE).

« JE suis la Lumière » (Evangile selon Thomas-logion 77) qui nait d’elle-même (logion 50), totalement inconnaissante (Emile Gillabert-L’esprit).
Afin de ME connaître, JE M’observe et, M’observant, JE ME particularise et, ainsi,  Me manifeste.

En tant qu’inconnaissance, JE suis l’Esprit pur, « Mère-de-toutes-choses » (Lao-tzeu-Tao-tö-king 1), Mère véritable (logion 101).

En tant que désirant, JE suis le Père qui seul veut (logion 99). Uniquement SE manifester. Qu’on se prosterne devant LUI (logion 15).

En ME manifestant, JE suis le Fils (logion 28).

Ainsi, le Père et le Fils procèdent de l’Esprit (Emile Gillabert-L’esprit).

MA manifestation engendre naturellement des épreuves. C’est pourquoi JE dis : « A celui qui blasphème contre le Père, on pardonnera, et à celui qui blasphème contre le Fils, on pardonnera ; mais à celui qui blasphème contre l’Esprit pur, on ne pardonnera ni sur la terre ni au ciel » (logion 44).

« S’ils vous demandent quel est le signe de votre Père qui est en vous, dites-leur : c’est un mouvement et un repos » (logion 50). Mouvement de l’Esprit pur vers le Fils manifestation du Père ; repos du Fils dans l’inconnaissance de l’Esprit pur à travers le Royaume du Père.

*

Dans MON inconnaissance, ni l’espace, ni le temps n’existent. « En Dieu, il n’est ni temps ni espace » (sermon 47), « ce qui est avenir et passé, tout est réuni en un seul maintenant » (sermon 35) ; c’est pourquoi JE dis : « Là où est le commencement, là sera la fin » (logion 18), « le Royaume du Père s’étend sur la terre et les hommes ne le voient pas » (logion 113) et « ce que vous espérez est venu » (logion 51).

JE ME manifeste dans les images (logion 50). Images d’un rêve.

Dans Ma manifestation, surgissent le temps, l’espace, ainsi que les lois de cause à effet qui la régissent toute entière car « toutes les choses qui sont dans le temps ont un pourquoi » (sermon 26), mais rien de ce qui se passe dans MA manifestation, n’est voulu par MOI. Je ne peux rien changer au cours des choses, ce qui M’amène à concilier MA liberté absolue avec les déterminismes du monde (Emile Gillabert-Le miroir). Tout s’y déroule spontanément et JE ne peux ni ne veux y intervenir.

En particulier, JE ne suis pas « un partageur » (logion 72). C’est pourquoi JE dis : « Donnez à César ce qui est à César, et, ce qui est MIEN, donnez-le MOI » (logion 100).  Ceux qui ne peuvent revenir à MOI (logion 49), qu’ils suivent les chercheurs de justice ; c’est pour eux que le ciel et la terre sont advenus (logion 12).

Toutefois, MON inconnaissance reste silencieusement présente en MA manifestation, présence qui provoque, soudain, la disparition du temps et de l’espace dans les phénomènes normalement régis par les lois de MA manifestation. Car JE suis présent dans toute MA manifestation : en chaque minéral, en chaque végétal, en chaque animal, en chaque être humain. « Fendez du bois, JE suis là, soulevez la pierre, vous ME découvrirez là » (logion 77). « La vie et l’être de Dieu sont dans une pierre ou dans un bois » (sermon 66), « Dieu est en toutes choses » (sermon 77) et « toutes les créatures sont un seul être » (sermon 8).

*

Si l’Esprit n’engendrait pas, Il serait privé de la reconnaissance car c’est lors du retour qu’Il se révèle à Lui-même (Emile Gillabert-L’esprit). JE ME manifeste en totalité (logion 6) afin de ME connaître, et JE confie à MES disciples le soin de ME rapporter  « ce qui est MIEN » (logion 100), à savoir l’expérience qu’ils ont faite de MA manifestation, car JE dis : «Connais ce qui est en présence de ton visage, et ce qui est caché, te sera révélé » (logion 5).

A ce titre, MES disciples ME sont mille fois plus nécessaires que JE ne leur suis (sermon 103).

En ME manifestant, JE ME divise : JE ME fais deux, puis multiple.
« De la Voie naquit un, d’un deux et de deux trois. Trois engendrant dix-mille » (Tao-tö-king 42).

Alors que d’Un, JE ME fais deux, j’exige de MES disciples, que JE choisis (logia 23, 49 et 50), qu’ils fassent  « le deux Un » (logia 11 et 22) et deviennent ainsi  « monakhos » (logia 49 et 75), c’est à dire unifiés, et découvrent le Royaume (logion 49).

Tant que le disciple est multiple, qu’il « est partagé », il est « rempli d’obscurité » mais, quand il est Un, qu’il « est désert », il est « rempli de lumière » (logion 61). « Le sage embrasse l’Un » (Tao-tö-king 22) et « la véritable Parole de l’éternité n’est prononcée que dans l’unité, lorsque l’homme s’est déserté lui-même et exilé de toute multiplicité  » (sermon 103).

*

MA manifestation inclut un au-delà où la multiplicité des images est présente dans l’immobilité (logion 19) et pour l’éternité (logion 84).

En-deçà, MA manifestation continue spontanément de se diviser ; c’est pourquoi JE dis : « JE suis venu jeter les divisions sur la terre, le feu, l’épée, la guerre » (logion 16).

« J’ai jeté le feu sur le monde et voici que JE le conserve jusqu’à ce qu’il s’allume » (logion 10). Il s’allume dès que deux font la paix car « si deux font la paix dans cette même maison, ils diront à la montagne : « éloigne-toi », et elle se déplacera » (logion 48).

Faire le deux Un est  une tâche surhumaine car, pour y parvenir, MES disciples doivent s’opposer au mouvement naturel de MA manifestation. C’est pourquoi JE dis : « Heureux est le lion que l’homme mangera » (logion 7), homme surhumain, capable de  faire le deux Un.

Tâche surhumaine et ô combien difficile car faire le deux Un, c’est d’abord préférer  l’unique au multiple (logia 8, 76 et 107), le dénuement (logion 54) à l’opulence (logia 63 et 95), le piétinement des apparences (logion 37) à leur accumulation (logia 36 et 78).

« Quand vous aurez fait le deux Un, vous deviendrez Fils de l’homme » (logion 106) ; « mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit pour incliner la tête et pour se reposer » (logion 86), et l’hostilité qu’il suscite, peut conduire au meurtre du Fils (logion 65) car, si vous leur dites une des paroles que JE vous dis, ils enlèveront des pierres et les jetteront vers vous (logion 13).

Parmi les êtres humains, seuls « un entre mille et deux entre dix-mille » (logion 23) sont en mesure de faire le deux Un pour ME rejoindre car « les ouvriers sont rares » (logion 73), « il y en a beaucoup autour du trou mais personne dans le puits » (logion 74) et peu sont capables de produire les fruits des paroles que JE répands (logion 9).

*

Les autres êtres humains continuent, eux, le mouvement initial de division amplifié par leurs egos (logion 28). Pour accroître la division, ils se jugent ou se rejettent les uns les autres au lieu de chercher à se connaître eux-mêmes et entre eux. Ils sont littéralement diaboliques.

Pourtant  JE dis : « Que l’homme se connaisse lui-même, c’est mieux que la connaissance de toutes les choses créées » (sermon 90a), « celui qui connaît le Tout, s’il est privé de lui-même, est privé de l’endroit Total » (logion 67), « celui qui se découvre lui-même, le monde n’est pas digne de lui » (logion 111) et « quand vous vous serez connus, alors vous serez connus et vous saurez que c’est vous les fils du Père le Vivant ; mais, si vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté et c’est vous la pauvreté » car le Royaume « il est de votre intérieur et il est de votre extérieur » (logion 3).

Les  autres êtres humains, s’enfonçant dans l’obscurité, délaissent la parcelle de MA lumière qui était en eux ; et les parcelles de MA lumière délaissées par la majorité des êtres  humains, confluant en MES disciples, leur donnent la force de faire le deux Un et ainsi de ME rejoindre pour M’informer sur ce que JE suis. C’est en cela que les hommes obscurs ME sont utiles car la lumière ne peut être perçue que grâce à l’obscurité (Emile Gillabert-Incarnation-Théophanie) et il y a corrélation entre le déploiement de ma lumière et l’intensification des ténèbres (Emile Gillabert-Le triptyque).
Le Tout est sorti de MOI et le Tout est parvenu à MOI (logion 77), Vivant ou mort en Esprit

*

MES disciples n’ont aucun mérite à faire le deux Un. Ils ont simplement la chance de pouvoir se nourrir des parcelles de MA lumière délaissées par les êtres humains morts en Esprit, qui s’enfoncent dans l’obscurité.

C’est pourquoi JE dis aux uns : « Les jours où vous mangiez ce qui est mort, vous en faisiez du Vivant ; quand vous serez advenus dans la Lumière, que ferez-vous ? » (logion 11) et aux autres : « recherchez un lieu pour vous dans le repos de peur que vous ne deveniez cadavres et ne soyez mangés » (logion 60).

*

MA  manifestation m’occulte tel un voile d’images opaque qui cache MA lumière car « les images se manifestent à l’homme et la lumière qui est en elles, est cachée » (logion 83).

« La toute première puissance, qui jaillit à partir du fond le plus pur, est une connaissance nue : quand elle arrive toute nue sur la place publique, aussitôt elle est habillée et enveloppée d’un voile. C’est seulement lorsqu’elle est à l’intérieur, qu’elle se jette sur l’être pur et retire immédiatement le voile, c’est la vérité ; elle connait l’être vrai » (sermon 94) : Révélation, Occultation, Initiation (Emile Gillabert-Le Triptyque).

Les êtres humains, dans leur grande majorité, prennent ce voile d’images pour la réalité alors que, Lumière, JE suis la seule réalité ; par cette méprise ils sont dans l’illusion car ce qu’ils pensent être MES créatures, n’est qu’un  néant ; en effet « toutes les créatures sont pur néant » (sermon 4), issu du néant de néant que JE suis (sermon 1).

JE suis à la fois la seule réalité et néant de néant, totale inconnaissance.
« C’est le vide médian qui fait marcher le char » (Tao-tö-king 11).
« Lorsque l’âme parvient à la lumière sans mélange, elle pénètre dans son néant de néant » (sermon 1).
« Il est Néant, il n’est ni ceci ni cela. Si tu penses encore qu’il est quelque chose, il n’est pas cela » (sermon 23).

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Pour qu’il rejoigne MON Royaume afin de M’informer sur ce que JE suis, il suffit à l’homme qu’il ouvre tous ses yeux et ne se fie ni à sa main, ni à son pied, ni à la moindre des images (logion 22).

Quand J’ invite l’homme à MA table, JE l’invite à ignorer d’abord tout ce que son mental lui suggère (logion 64) car « jamais en cette vie l’intellect ne touche le fond de la vérité surnaturelle » (sermon 104a) ; d’ailleurs, JE dis : « Que ta gauche ne sache pas ce que fait ta droite » (logion 62) et « JE vous donnerai ce que l’œil n’a pas vu, et ce que l’oreille n’a pas entendu, et ce que la main n’a pas touché, et ce qui n’est pas descendu sur le cœur de l’homme » (logion 17) ; « aussi le sage s’occupe-t-il de son ventre et non pas de son œil ; il préfère l’interne à l’externe » (Tao-tö-king 12). Que mes initiés potentiels viennent à moi avec leurs entrailles et non avec leur tête (Emile Gillabert-Le Triptyque).
« Où il existe une division vers l’extérieur, on ne trouve pas Dieu » (sermon 43). « Toutes choses sont égales en Dieu et sont Dieu lui-même. Dieu éprouve tant de joie dans cette égalité qu’il répand complètement sa nature et son être dans cette égalité en lui-même » (sermon 12).
La verticalité dans la manifestation divise, l’horizontalité unit. Or JE suis « Celui qui est égal » (logion 61) et, à ce titre, ne cautionne aucune hiérarchie ni même aucune  dualité extérieur/ intérieur (logia 22 et 89), supérieur/ inférieur (logion 22), premier/dernier (logion 4), masculin/féminin (logion 22) ou homme/femme (logion 114).

Celui qui fait le dedans comme le dehors, le haut comme le bas, et le mâle et la femelle en un seul, fait le deux Un et rejoint MON Royaume (logion 22).

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Le petit enfant de sept jours (logion 4) ne connaît aucune dualité ni aucune hiérarchie car il est dans l’inconnaissance et son esprit est encore dans l’Un. D’ailleurs JE dis : « Les petits qui tètent, sont comparables à ceux qui vont dans le Royaume » (logion 22) et « celui qui parmi vous sera petit, connaîtra le Royaume » (logion 46).

« Heureux êtes-vous, les pauvres, parce que vôtre est le Royaume des cieux » (logion 54). « Seul est un homme pauvre, celui qui ne veut rien et ne désire rien. Est un  homme pauvre, celui qui ne sait rien » (sermon 52). « Rassemble toutes tes puissances, tous tes sens, tout ton intellect et toute ta mémoire, et tourne les vers le fond, à l’intérieur, là où se trouve caché ce trésor. Si tu veux trouver ce trésor, il te faut entrer dans l’ignorance » (sermon 102).

Quand l’homme voit venir la fin de sa vie physique et s’apprête à ME rapporter son expérience de MA manifestation, il interroge le petit enfant de sept jours au sujet du lieu de la Vie (logion 4), MON Royaume, car JE dis : « Heureux celui qui se tiendra debout dans le commencement, et il connaîtra la fin et il ne goûtera pas de la mort » (logion 18).

Lorsque l’être humain vient à la vie physique, il est dans l’inconnaissance du petit enfant, il est vide.

Or J’attends de l’être humain qu’il se connaisse afin qu’il puisse M’apporter la connaissance de lui-même qu’il aura récoltée et dont il doit être plein au terme de sa vie physique ; J’attends de lui qu’il ne soit pas de ceux qui « sont venus au monde vides et cherchent aussi à sortir du monde vides » (logion 28), fuyant ainsi dans l’angélisme (Emile Gillabert-Incarnation-Théophanie).

Car « celui qui a connu le monde, a découvert le corps, et celui qui a découvert le corps, le monde n’est pas digne de lui » (logion 80), « celui qui a connu le monde, a découvert un cadavre et, celui qui a découvert un cadavre, le monde n’est pas digne de lui » (logion 56), « celui qui a trouvé le monde et a été riche, qu’il refuse le monde » (logion 110), « celui qui a été riche, qu’il règne, et celui qui a le pouvoir, qu’il renonce » (logion 81). « Nul ne possède autant le monde en propre que celui qui a laissé complètement le monde » (sermon 38).

Le jour où ceux qui parlent en MON nom, « arriveront pour prendre ce qui est leur » (logion 88), que l’être humain leur donne ce qui « est en ses paumes » (logion 88), à savoir son expérience de MA manifestation.

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Tout ce qui concourt à l’accroissement de la multiplicité de MA manifestation s’oppose au retour à l’Un. Aussi, JE dis : « Bienheureux le ventre qui n’a pas conçu, et les seins qui n’ont pas donné de lait » (logion 79).

Il est impossible à un être humain de faire retour à MOI qui suis néant de néant, s’il ne s’est auparavant dépris de toute dépendance d’un autre être humain.

C’est pourquoi JE dis : « Celui qui ne déteste pas son père et sa mère, ne pourra se faire MON disciple » (logia 55 et 101) et « celui qui ne déteste pas ses frères et ses sœurs, n’aura pas de valeur pour MOI » (logion 55).

C’est pourquoi aussi, mettant en garde contre la dépendance dans le  couple,  JE dis : « Misérable est le corps qui dépend d’un corps, et une misère est l’âme qui dépend de ces deux » (logion 87).

C’est pourquoi enfin, recommandant que l’amour charnel  reste dissocié de l’amour psychique, JE dis : « Malheur à la chair qui dépend de l’âme ! Malheur à l’âme qui dépend de la chair ! » (logion 112).

En disant cela, JE dis aussi que l’âme est égale à la chair, qu’elle ne lui est aucunement supérieure car « l’âme est une simple forme du corps » (sermon 104). D’ailleurs JE dis : « JE ME suis manifesté à eux dans la chair » (logion 28), « si la chair est advenue à cause de l’Esprit, c’est une merveille » (logion 29) et « celui qui a découvert le corps, le monde n’est pas digne de lui » (logion 80).

De même que deux corps peuvent faire l’Un, deux âmes peuvent faire l’Un ; c’est pourquoi JE dis : « Si l’Esprit est à cause du corps, c’est une merveille de merveille » (logion 29) et « aime ton frère comme ton âme ; veille sur lui comme sur la prunelle de ton œil » (logion 25).

Le corps délivré du mental est l’occasion de MA révélation (Emile Gillabert-lettre du 9 avril 1992) car le corps se délivre naturellement du mental alors que l’âme peut en rester longtemps prisonnière.

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 « Celui qui découvrira l’interprétation de MES paroles ne goûtera pas de la mort » (logion 1) mais, alors que MA  parole donne la Vie en Esprit, les paroles qui sortent de la bouche des hommes, elles, ne sont souvent que souillures car « ce qui sortira de votre bouche, c’est cela qui vous souillera » (logion 14), les hommes étant trop souvent aux aguets des faiblesses de leur frère plutôt que des leurs (logion 26).

Celui qui accueille et parle sans souiller, garde MA lumière  et « illumine le monde entier » (logion 24) car « la circoncision véritable, dans l’Esprit, a trouvé un profit total » (logion 53); celui-là vit à jamais en l’Esprit et « ceux qui sont Vivants ne mourront pas » (logion 11) car celui qui vit en l’Esprit, connaît l’au-delà immobile bien avant de naître au monde (logion 19).

« Un homme bon produit du bon de son trésor. Un homme obscur produit des méchancetés du trésor mauvais qui est dans son cœur et il dit des méchancetés» (logion 45).

Celui qui est aveugle dans son cœur (logion 28), est enivré par son ego, rejette et souille par ses paroles, « n’illumine pas, il est dans l’obscurité » (logion 24), il a délaissé la parcelle de MA lumière qui était en lui, c’est un « homme obscur » qui est mort en Esprit, et « ceux qui sont morts ne Vivent pas » (logion 11).

Cependant, s’il rejette le vin de l’ego, de la division et du mépris, dont il s’est enivré, l’homme obscur fera sa metanoïa, il « changera de mentalité » (logion 28).

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 « Soyez heureux quand on vous hait et qu’on vous persécute » (logion 68), « heureux sont-ils ceux que l’on a persécutés dans leur cœur, ce sont ceux-là qui ont connu le Père en vérité » (logion 69) car ils reçoivent les parcelles de MA lumière que laissent échapper ceux qui les persécutent. « Heureux celui qui a connu l’épreuve, il a découvert la Vie » (logion 58).

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Entre l’accueil et le rejet, il n’est pas d’intermédiaire ; c’est pourquoi JE dis : « A celui qui a dans sa main, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même le peu qu’il a, on le lui enlèvera » (logion 41), « quand vous engendrerez cela en vous, ceci qui est vôtre vous sauvera ; si vous n’avez pas cela en vous, ceci qui n’est pas vôtre, vous tuera » (logion 70), « un cep de vigne a été planté en dehors du Père et, comme il n’est pas fort, il sera extirpé avec sa racine et il sera détruit » (logion 40) et « au jour de la moisson, les ivraies se manifesteront ; on les arrachera et on les brûlera » (logion 57).

L’au-delà des hommes est un jardin où cinq arbres se dressent comme les cinq doigts d’une main tendus pour accueillir la manifestation dans sa totalité. Celui qui entend mes paroles et accueille toute la manifestation, « ne goûtera pas de la mort » en Esprit et verra, dans l’au-delà, la moindre des pierres le servir (logion 19) en signe de reconnaissance. Fendez du bois  de ces arbres,  « JE suis là », soulevez les pierres qui le servent, « vous ME découvrirez là» (logion 77).

Celui qui a la main assez large pour accueillir, comme celui qui ne l’a pas, ME sont utiles.

Ni « l’homme lumineux » qui accueille le Tout, ni « l’homme obscur » qui le rejette en partie, ne sont responsables de leur attitude. Simplement, leur main est assez large pour accueillir le Tout, ou elle ne l’est pas. « Deux reposeront sur un lit : l’un mourra, l’autre vivra » (logion 61).

La liberté de faire le bien ou le mal est une illusion entretenue par les inventeurs de fautes car tout acte est l’effet de causes qui échappent à son auteur. En effet, chaque homme a en lui-même un « trésor caché » (logion 109) qui lui vient de ses pères et dont, souvent, il n’a même pas conscience.

La vie d’un homme se déroule comme un film dans lequel il joue un rôle, celui du travailleur consciencieux (logion 96), comme celui du promeneur étourdi peu soucieux de ce qu’il perd au long du chemin (logion 97) (car il est un temps pour travailler et un temps pour se reposer (logion 27)), film dont l’homme ne peut être que le spectateur tranquille. « Demeure le plus tranquille, et le plus longtemps, c’est ce qu’il y a de plus excellent pour toi » (sermon 103).
« L’Esprit du Val ne meurt point » (Tao-tö-king 6) ; c’est pourquoi JE dis : « Devenez passants » (logion 42).

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Cependant, l’homme lumineux, qui fait le deux Un, doit veiller en face du monde, prendre appui sur ses reins de toutes ses forces de peur que les pillards ne découvrent un chemin pour venir jusqu’à lui. « Qu’advienne, au centre de lui-même, un homme averti » (logion 21). « Heureux l’homme qui sait où et quand les pillards pénètrent si bien qu’il se dressera, rassemblera sa force et prendra appui sur ses reins avant qu’ils ne s’introduisent » (logion 103). Car « il est impossible que quelqu’un entre dans la maison du fort » (logion 35) et « une ville construite sur un mont élevé et fortifiée ne peut pas tomber et ne pourra être cachée » (logion 32).

Mais ne cherchez pas à convertir les pillards, « ne jetez pas des perles aux pourceaux de peur qu’ils n’en fassent des débris » (logion 93), « devenez prudents comme les serpents et purs comme les colombes » (logion 39).

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L’homme lumineux qui fait le deux Un, doit aussi veiller à ce que son ego, le « grand personnage » ne prenne le dessus et ne l’incite à croire qu’il existe par lui-même. Aussi, ne doit-il pas hésiter à « dégainer son épée » afin de « tuer le grand personnage » (logion 98).

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L’homme lumineux n’est qu’un canal par lequel JE ME reconnais. Il n’a pas plus d’existence qu’un rayon de lumière traversant une forêt.

Seul JE suis. JE suis la Lumière, la seule réalité.

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« Là où il y a trois dieux, ce sont des dieux ; là où il y a deux ou un, MOI, JE suis avec lui » (logion 30).

Les inventeurs de fautes (logion 104) ont caché les clefs de la gnose (logion 39) et, pour affaiblir ceux qu’ils culpabilisent, ont créé un fantôme, image réductrice, humanisée et éphémère (logion 11) de ce que JE suis, qui est leur  Dieu. C’est pourquoi JE dis aux hommes : « Donnez à Dieu ce qui est à Dieu », à savoir vos prétendus péchés, et, « ce qui est MIEN, donnez-le MOI » (logion 100), c’est-à-dire votre expérience de MA manifestation.

Afin d’assurer leur pouvoir sur leurs victimes, ils les contraignent à des attitudes comme la prière, l’aumône ou le jeûne (logia 6, 14 et 104) alors que JE dis : « Dieu n’a pas besoin de jeûnes, de prières et de toutes les pénitences » (sermon 60) et « ce qui entrera dans votre bouche, ne vous souillera pas mais ce qui sortira de votre bouche, c’est cela qui vous souillera » (logion 14).

Il suffit en effet de ne pas se souiller par des paroles pour conserver MA lumière « parce que mon joug est clément et indulgente mon autorité » (logion 90). « Celui qui est près de MOI, est près de la flamme et celui qui est loin de MOI, est loin du Royaume » (logion 82).

L’essentiel est de faire « le deux Un » ; les attitudes sont secondaires. C’est pourquoi je dis : « Quand l’époux est sorti de la chambre nuptiale, alors, qu’on jeûne et qu’on prie » (logion 104).

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Durant sa vie physique, l’être humain peut percer MON occultation afin de ne plus être que Lumière. C’est pourquoi  JE dis : « Heureux les affamés parce qu’on rassasiera le ventre de qui veut » (logion 69), « à celui qui frappe, on ouvrira » (logion 94), « cherchez et vous trouverez » (logion 92); et aussi : « que celui qui cherche, ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve, et, quand il aura trouvé, il sera bouleversé et, étant bouleversé, il sera émerveillé et il régnera sur le Tout » (logion 2).

Mais il n’est pas nécessaire de chercher pour trouver puisque JE dis : « Celui qui découvrira  l’interprétation de MES paroles ne goûtera pas de la mort » (logion 1).

« En vérité, tu es le Dieu caché au fond de l’âme. Plus on te cherche, moins on te trouve. Tu dois le chercher de telle sorte que tu ne le trouves nulle part. Si tu ne le cherches pas, tu le trouves » (sermon 15).

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Les inventeurs de fautes ont bâti une maison dont ils ont rejeté « la pierre d’angle » (logion 66), celle qui fait « le deux Un ». Cette maison sera renversée « et personne ne pourra la reconstruire » (logion 71).

Mais « celui qui boit à la source bouillonnante que J’ai fait jaillir » (logion 13), celui-là « boit à MA bouche, deviendra comme MOI ; quant à MOI, JE serai lui et ce qui est caché lui apparaîtra » (logion 108) car « l’œil dans lequel je vois Dieu est l’œil-même dans lequel Dieu me voit » (sermon 12).

Une métaphysique selon Thomas

Une métaphysique selon Thomas

« Le mot « JE » n’appartient en propre à personne, sinon au Soi seul dans son unité ».

J’étais un trésor caché et j’ai désiré ME connaître ; c’est pourquoi J’ai conçu la manifestation.

JE suis la Lumière qui nait d’elle-même, totalement inconnaissante.
Afin de ME connaître, JE M’observe et, M’observant, JE ME particularise et, ainsi, Me manifeste.

En tant qu’inconnaissance, JE suis l’Esprit pur, Mère de toutes choses, Mère véritable.

En tant que désirant, JE suis le Père qui seul veut. Uniquement SE manifester. Qu’on se prosterne devant LUI.

En ME manifestant, JE suis le Fils.

Ainsi, le Père et le Fils procèdent de l’Esprit.

MA manifestation engendre naturellement des épreuves. C’est pourquoi JE dis : « A celui qui blasphème contre le Père, on pardonnera, et à celui qui blasphème contre le Fils, on pardonnera ; mais à celui qui blasphème contre l’Esprit pur, on ne pardonnera ni sur la terre ni au ciel ».

S’ils vous demandent quel est le signe de votre Père qui est en vous, dites-leur : « c’est un mouvement et un repos ». Mouvement de l’Esprit pur vers le Fils manifestation du Père ; repos du Fils dans l’inconnaissance de l’Esprit pur à travers le Royaume du Père.

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Dans MON inconnaissance, ni l’espace, ni le temps n’existent, ce qui est avenir et passé, tout est réuni en un seul maintenant ; c’est pourquoi JE dis : « Là où est le commencement, là sera la fin », « le Royaume du Père s’étend sur la terre et les hommes ne le voient pas » et « ce que vous espérez est venu ».

JE ME manifeste dans les images. Images d’un rêve.

Dans MA manifestation, surgissent le temps, l’espace, ainsi que les lois de cause à effet qui la régissent toute entière car toutes les choses qui sont dans le temps, ont un pourquoi, mais rien de ce qui se passe dans MA manifestation, n’est voulu par MOI. Je ne peux rien changer au cours des choses, ce qui M’amène à concilier MA liberté absolue avec les déterminismes du monde. Tout s’y déroule spontanément et JE ne peux ni ne veux y intervenir.

En particulier, JE ne suis pas un partageur. C’est pourquoi JE dis : « Donnez à César ce qui est à César, et, ce qui est MIEN, donnez-le MOI ».  Ceux qui ne peuvent revenir à MOI, qu’ils suivent les chercheurs de justice ; c’est pour eux que le ciel et la terre sont advenus.

Toutefois, MON inconnaissance reste silencieusement présente en MA manifestation, présence qui provoque, soudain, la disparition du temps et de l’espace dans les phénomènes normalement régis par les lois de MA manifestation. Car JE suis présent dans toute MA manifestation : en chaque minéral, en chaque végétal, en chaque animal, en chaque être humain. Fendez du bois, JE suis là, soulevez la pierre, vous ME découvrirez là. MA vie et MON être sont dans une pierre ou dans un bois, JE suis en toutes choses et toutes les créatures sont un seul être.

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Si l’Esprit n’engendrait pas, Il serait privé de la reconnaissance car c’est lors du retour qu’Il se révèle à Lui-même. JE ME manifeste en totalité afin de ME connaître, et JE confie à MES disciples le soin de ME rapporter  ce qui est MIEN, à savoir l’expérience qu’ils ont faite de MA manifestation, car JE dis : «Connais ce qui est en présence de ton visage, et ce qui est caché, te sera révélé ».

A ce titre, MES disciples ME sont mille fois plus nécessaires que JE ne leur suis.

En ME manifestant, JE ME divise : JE ME fais deux, puis multiple.
De la Voie naquit un, d’un deux et de deux trois. Trois engendrant dix-mille.

Alors que d’Un, JE ME fais deux, j’exige de MES disciples, que JE choisis, qu’ils fassent  le deux Un et deviennent ainsi  « monakhos », c’est à dire unifiés, et découvrent le Royaume.

Tant que le disciple est multiple, qu’il est partagé, il est rempli d’obscurité mais, quand il est Un, qu’il est désert, il est rempli de lumière. Le sage embrasse l’Un et la véritable parole de l’éternité n’est prononcée que dans l’unité, lorsque l’homme s’est déserté lui-même et exilé de toute multiplicité.

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MA manifestation inclut un au-delà où la multiplicité des images est présente dans l’immobilité et pour l’éternité.

En-deçà, MA manifestation continue spontanément de se diviser ; c’est pourquoi JE dis : « JE suis venu jeter les divisions sur la terre, le feu, l’épée, la guerre ».

J’ai jeté le feu sur le monde et voici que JE le conserve jusqu’à ce qu’il s’allume. Il s’allume dès que deux font la paix car si deux font la paix dans cette même maison, ils diront à la montagne : « éloigne-toi », et elle se déplacera.

Faire le deux Un est  une tâche surhumaine car, pour y parvenir, MES disciples doivent s’opposer au mouvement naturel de MA manifestation. C’est pourquoi JE dis : « Heureux est le lion que l’homme mangera », homme surhumain, capable de  faire le deux Un.

Tâche surhumaine et ô combien difficile car faire le deux Un, c’est d’abord préférer  l’unique au multiple, le dénuement à l’opulence, le piétinement des apparences à leur accumulation.

Quand vous aurez fait le deux Un, vous deviendrez Fils de l’homme ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit pour incliner la tête et pour se reposer, et l’hostilité qu’il suscite, peut conduire au meurtre du Fils car, si vous leur dites une des paroles que JE vous dis, ils enlèveront des pierres et les jetteront vers vous.

Parmi les êtres humains, seuls un entre mille et deux entre dix-mille sont en mesure de faire le deux Un pour ME rejoindre car les ouvriers sont rares, il y en a beaucoup autour du trou mais personne dans le puits, et peu sont capables de produire les fruits des paroles que JE répands.

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Les autres êtres humains continuent, eux, le mouvement initial de division amplifié par leurs egos. Pour accroître la division, ils se jugent ou se rejettent les uns les autres au lieu de chercher à se connaître eux-mêmes et entre eux. Ils sont littéralement diaboliques.

Pourtant  JE dis : « Que l’homme se connaisse lui-même, c’est mieux que la connaissance de toutes les choses créées », « celui qui connaît le Tout, s’il est privé de lui-même, est privé de l’endroit Total », « celui qui se découvre lui-même, le monde n’est pas digne de lui » et « quand vous vous serez connus, alors vous serez connus et vous saurez que c’est vous les fils du Père le Vivant ; mais, si vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté et c’est vous la pauvreté » car le Royaume il est de votre intérieur et il est de votre extérieur.

Les  autres êtres humains, s’enfonçant dans l’obscurité, délaissent la parcelle de MA lumière qui était en eux ; et les parcelles de MA lumière délaissées par la majorité des êtres  humains, confluant en MES disciples, leur donnent la force de faire le deux Un et, ainsi, de ME rejoindre pour M’informer sur ce que JE suis. C’est en cela que les hommes obscurs ME sont utiles car la lumière ne peut être perçue que grâce à l’obscurité et il y a corrélation entre le déploiement de MA Lumière et l’intensification des ténèbres.
Le Tout est sorti de MOI et le Tout est parvenu à MOI, Vivant ou mort en Esprit.

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MES disciples n’ont aucun mérite à faire le deux Un. Ils ont simplement la chance de pouvoir se nourrir des parcelles de MA lumière délaissées par les êtres humains morts en Esprit, qui s’enfoncent dans l’obscurité.

C’est pourquoi JE dis aux uns : « Les jours où vous mangiez ce qui est mort, vous en faisiez du Vivant ; quand vous serez advenus dans la Lumière, que ferez-vous ? », et aux autres : « recherchez un lieu pour vous dans le repos de peur que vous ne deveniez cadavres et ne soyez mangés ».

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MA  manifestation m’occulte tel un voile d’images opaque qui cache MA lumière car les images se manifestent à l’homme et la lumière qui est en elles, est cachée.

La toute première puissance, qui jaillit à partir du fond le plus pur, est une connaissance nue : quand elle arrive toute nue sur la place publique, aussitôt elle est habillée et enveloppée d’un voile. C’est seulement lorsqu’elle est à l’intérieur, qu’elle se jette sur l’être pur et retire immédiatement le voile, c’est la vérité ; elle connait l’être vrai : Révélation, Occultation, Initiation.

Les êtres humains, dans leur grande majorité, prennent ce voile d’images pour la réalité alors que, Lumière, JE suis la seule réalité ; par cette méprise ils sont dans l’illusion car ce qu’ils pensent être MES créatures, n’est qu’un  néant ; en effet toutes MES créatures sont pur néant, issu du néant de néant que JE suis.

JE suis à la fois la seule réalité et néant de néant, totale inconnaissance.
C’est le vide médian qui fait marcher le char.
Lorsque l’âme parvient à la lumière sans mélange, elle pénètre dans son néant de néant.
JE suis Néant. JE ne suis ni ceci ni cela. Si tu penses encore que JE suis quelque chose, JE ne suis pas cela.

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Pour qu’il rejoigne MON Royaume afin de M’informer sur ce que JE suis, il suffit à l’homme qu’il ouvre tous ses yeux et ne se fie ni à sa main, ni à son pied, ni à la moindre des images.

Quand J’invite l’homme à MA table, Je l’invite à ignorer d’abord  tout ce que son mental lui suggère, car jamais en cette vie l’intellect ne touche le fond de la vérité surnaturelle ; d’ailleurs, JE dis : « Que ta gauche ne sache pas ce que fait ta droite » et « JE vous donnerai ce que l’œil n’a pas vu, et ce que l’oreille n’a pas entendu, et ce que la main n’a pas touché, et ce qui n’est pas descendu sur le cœur de l’homme » ; aussi le sage s’occupe-t-il de son ventre et non pas de son œil ; il préfère l’interne à l’externe. Que Mes initiés potentiels viennent à MOI avec leurs entrailles et non avec leur tête.

Où il existe une division vers l’extérieur, on ne ME trouve pas. Toutes choses sont égales en MOI et sont MOI-même. J’éprouve tant de joie dans cette égalité que JE répands complètement MA nature et MON être dans cette égalité en MOI-même.
La verticalité dans la manifestation divise, l’horizontalité unit. Or JE suis celui qui est égal et, à ce titre, ne cautionne aucune hiérarchie ni même aucune dualité extérieur/ intérieur, supérieur/ inférieur, premier/dernier, masculin/féminin ou homme/femme.

Celui qui fait le dedans comme le dehors, le haut comme le bas, et le mâle et la femelle en un seul, fait le deux Un et rejoint MON Royaume.

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Le petit enfant de sept jours ne connaît aucune dualité ni aucune hiérarchie car il est dans l’inconnaissance et son esprit est encore dans l’Un. D’ailleurs JE dis : « Les petits qui tètent, sont comparables à ceux qui vont dans le Royaume » et « celui qui parmi vous sera petit, connaîtra le Royaume ».

Heureux êtes-vous, les pauvres, parce que vôtre est le Royaume des cieux. Seul est un homme pauvre, celui qui ne veut rien et ne désire rien. Est un  homme pauvre, celui qui ne sait rien. Rassemble toutes tes puissances, tous tes sens, tout ton intellect et toute ta mémoire, et tourne les vers le fond, à l’intérieur, là où se trouve caché ce trésor. Si tu veux trouver ce trésor, il te faut entrer dans l’ignorance.

Quand l’homme voit venir la fin de sa vie physique et s’apprête à ME rapporter son expérience de MA manifestation, il interroge le petit enfant de sept jours au sujet du lieu de la Vie, MON Royaume, car JE dis : « Heureux celui qui se tiendra debout dans le commencement, et il connaîtra la fin et il ne goûtera pas de la mort ».

Lorsque l’être humain vient à la vie physique, il est dans l’inconnaissance du petit enfant, il est vide.

Or J’attends de l’être humain qu’il se connaisse afin qu’il puisse M’apporter la connaissance de lui-même qu’il aura récoltée et dont il doit être plein au terme de sa vie physique ; J’attends de lui qu’il ne soit pas de ceux qui sont venus au monde vides et cherchent aussi à sortir du monde vides, fuyant ainsi dans l’angélisme.

Car celui qui a connu le monde, a découvert le corps, et celui qui a découvert le corps, le monde n’est pas digne de lui ; celui qui a connu le monde, a découvert un cadavre et, celui qui a découvert un cadavre, le monde n’est pas digne de lui ; celui qui a trouvé le monde et a été riche, qu’il refuse le monde ; celui qui a été riche, qu’il règne, et celui qui a le pouvoir, qu’il renonce. Nul ne possède autant le monde en propre que celui qui a laissé complètement le monde.

Le jour où ceux qui parlent en MON nom, arriveront pour prendre ce qui est leur, que l’être humain leur donne ce qui est en ses paumes, à savoir son expérience de Ma manifestation.

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Tout ce qui concourt à l’accroissement de la multiplicité de MA manifestation s’oppose au retour à l’Un. Aussi, JE dis : « Bienheureux le ventre qui n’a pas conçu, et les seins qui n’ont pas donné de lait ».

Il est impossible à un être humain de faire retour à MOI qui suis néant de néant, s’il ne s’est auparavant dépris de toute dépendance d’un autre être humain.

C’est pourquoi JE dis : « Celui qui ne déteste pas son père et sa mère, ne pourra se faire MON disciple » et « celui qui ne déteste pas ses frères et ses sœurs, n’aura pas de valeur pour MOI ».

C’est pourquoi aussi, mettant en garde contre la dépendance dans le  couple,  JE dis : « Misérable est le corps qui dépend d’un corps, et une misère est l’âme qui dépend de ces deux ».

C’est pourquoi enfin, recommandant que l’amour charnel  reste dissocié de l’amour psychique, JE dis : « Malheur à la chair qui dépend de l’âme ! Malheur à l’âme qui dépend de la chair ! ».

En disant cela, JE dis aussi que l’âme est égale à la chair, qu’elle ne lui est aucunement supérieure car l’âme est une simple forme du corps. D’ailleurs JE dis : « JE ME suis manifesté à eux dans la chair », « si la chair est advenue à cause de l’Esprit, c’est une merveille » et « celui qui a découvert le corps, le monde n’est pas digne de lui ».

De même que deux corps peuvent faire l’Un, deux âmes peuvent faire l’Un ; c’est pourquoi JE dis : « Si l’Esprit est à cause du corps, c’est une merveille de merveille » et « aime ton frère comme ton âme ; veille sur lui comme sur la prunelle de ton œil ».

Le corps délivré du mental est l’occasion de MA révélation car le corps se délivre naturellement du mental alors que l’âme peut en rester longtemps prisonnière

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Celui qui découvrira l’interprétation de MES paroles ne goûtera pas de la mort mais, alors que MA  parole donne la Vie en Esprit, les paroles qui sortent de la bouche des hommes, elles, ne sont souvent que souillures car ce qui sortira de votre bouche, c’est cela qui vous souillera, les hommes étant trop souvent aux aguets des faiblesses de leur frère plutôt que des leurs.

Celui qui accueille et parle sans souiller, garde MA lumière et illumine le monde entier, car la circoncision véritable, dans l’Esprit, a trouvé un profit total ; celui-là vit à jamais en l’Esprit et ceux qui sont Vivants, ne mourront pas car celui qui vit en l’Esprit, connaît l’au-delà immobile bien avant de naître au monde.

Un homme bon produit du bon de son trésor. Un homme obscur produit des méchancetés du trésor mauvais qui est dans son cœur et il dit des méchancetés.

Celui qui est aveugle dans son cœur, est enivré par son ego, rejette et souille par ses paroles, n’illumine pas, il est dans l’obscurité, il a délaissé la parcelle de MA lumière qui était en lui, c’est un homme obscur qui est mort en Esprit, et ceux qui sont morts ne Vivent pas.

Cependant, s’il rejette le vin de l’ego, de la division et du mépris, dont il s’est enivré, l’homme obscur fera sa metanoïa, il changera de mentalité.

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Soyez heureux quand on vous hait et qu’on vous persécute ; heureux sont-ils ceux que l’on a persécutés dans leur cœur, ce sont ceux-là qui ont connu le Père en vérité, car ils reçoivent les parcelles de MA lumière que laissent échapper ceux qui les persécutent. Heureux celui qui a connu l’épreuve, il a découvert la Vie.

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Entre l’accueil et le rejet, il n’est pas d’intermédiaire ; c’est pourquoi JE dis : « A celui qui a dans sa main, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même le peu qu’il a, on le lui enlèvera », « quand vous engendrerez cela en vous, ceci qui est vôtre vous sauvera ; si vous n’avez pas cela en vous, ceci qui n’est pas vôtre, vous tuera », « un cep de vigne a été planté en dehors du Père et, comme il n’est pas fort, il sera extirpé avec sa racine et il sera détruit » et « au jour de la moisson, les ivraies se manifesteront ; on les arrachera et on les brûlera ».

L’au-delà des hommes est un jardin où cinq arbres se dressent comme les cinq doigts d’une main tendus pour accueillir la manifestation dans sa totalité. Celui qui entend mes paroles et accueille toute la manifestation, ne goûtera pas de la mort en Esprit et verra, dans l’au-delà, la moindre des pierres le servir en signe de reconnaissance. Fendez du bois de ces arbres, JE suis là, soulevez les pierres qui le servent, vous ME découvrirez là.

Celui qui a la main assez large pour accueillir, comme celui qui ne l’a pas, ME sont utiles.
Ni l’homme lumineux qui accueille le Tout, ni l’homme obscur qui le rejette en partie, ne sont responsables de leur attitude. Simplement, leur main est assez large pour accueillir le Tout, ou elle ne l’est pas. Deux reposeront sur un lit : l’un mourra, l’autre vivra.

La liberté de faire le bien ou le mal est une illusion entretenue par les inventeurs de fautes car tout acte est l’effet de causes qui échappent à son auteur. En effet, chaque homme a en lui-même un trésor caché  qui lui vient de ses pères et dont, souvent, il n’a même pas conscience.

La vie d’un homme se déroule comme un film dans lequel il joue un rôle, celui du travailleur consciencieux, comme celui du promeneur étourdi peu soucieux de ce qu’il perd au long du chemin (car il est un temps pour travailler et un temps pour se reposer), film dont l’homme ne peut être que le spectateur tranquille.
Demeure le plus tranquille, et le plus longtemps, c’est ce qu’il y a de plus excellent pour toi.
L’Esprit du Val ne meurt point ; c’est pourquoi JE dis : « Devenez passants ».

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Cependant, l’homme lumineux, qui fait le deux Un, doit veiller en face du monde, prendre appui sur ses reins de toutes ses forces de peur que les pillards ne découvrent un chemin pour venir jusqu’à lui. Qu’advienne, au centre de lui-même, un homme averti. Heureux l’homme qui sait où et quand les pillards pénètrent si bien qu’il se dressera, rassemblera sa force et prendra appui sur ses reins avant qu’ils ne s’introduisent. Car il est impossible que quelqu’un entre dans la maison du fort, et une ville construite sur un mont élevé, et fortifiée ne peut pas tomber et ne pourra être cachée.

Mais ne cherchez pas à convertir les pillards, ne jetez pas des perles aux pourceaux de peur qu’ils n’en fassent des débris, devenez prudents comme les serpents et purs comme les colombes.

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L’homme lumineux qui fait le deux Un, doit aussi veiller à ce que son ego, le grand personnage, ne prenne le dessus et ne l’incite à croire qu’il existe par lui-même. Aussi, ne doit-il pas hésiter à dégainer son épée afin de tuer le grand personnage.

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L’homme lumineux n’est qu’un canal par lequel JE ME reconnais. Il n’a pas plus d’existence qu’un rayon de lumière traversant une forêt.

Seul JE suis. JE suis la Lumière, la seule réalité.

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Là où il y a trois dieux, ce sont des dieux ; là où il y a deux ou un, MOI, JE suis avec lui.

Les inventeurs de fautes ont caché les clefs de la gnose et, pour affaiblir ceux qu’ils culpabilisent, ont créé un fantôme, image réductrice, humanisée et éphémère de ce que JE suis, qui est leur Dieu. C’est pourquoi JE dis aux hommes : Donnez à Dieu ce qui est à Dieu, à savoir vos prétendus péchés, et, ce qui est MIEN, donnez-le MOI, c’est-à-dire votre expérience de MA manifestation.

Afin d’assurer leur pouvoir sur leurs victimes, ils les contraignent à des attitudes comme la prière, l’aumône ou le jeûne alors que JE dis : « JE n’ai pas besoin de jeûnes, de prières et de toutes les pénitences » et « ce qui entrera dans votre bouche, ne vous souillera pas mais ce qui sortira de votre bouche, c’est cela qui vous souillera ».

Il suffit en effet de ne pas se souiller par des paroles pour conserver MA lumière parce que mon joug est clément et indulgente mon autorité. Celui qui est près de MOI, est près de la flamme et celui qui est loin de MOI, est loin du Royaume.

L’essentiel est de faire le deux Un ; les attitudes sont secondaires. C’est pourquoi je dis : « Quand l’époux est sorti de la chambre nuptiale, alors, qu’on jeûne et qu’on prie ».

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Durant sa vie physique, l’être humain peut percer MON occultation afin de ne plus être que Lumière. C’est pourquoi  JE dis : « Heureux les affamés parce qu’on rassasiera le ventre de qui veut », « à celui qui frappe, on ouvrira », « cherchez et vous trouverez » ; et aussi : « que celui qui cherche, ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve, et, quand il aura trouvé, il sera bouleversé et, étant bouleversé, il sera émerveillé et il régnera sur le Tout ».

Mais il n’est pas nécessaire de chercher pour trouver puisque JE dis : « Celui qui découvrira  l’interprétation de MES paroles ne goûtera pas de la mort ».

En vérité, JE suis caché au fond de l’âme. Plus on ME cherche, moins on ME trouve. Tu dois ME chercher de telle sorte que tu ne trouves pas. Si tu ne ME cherches pas, tu ME trouves.

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Les inventeurs de fautes ont bâti une maison dont ils ont rejeté la pierre d’angle, celle qui fait le deux Un. Cette maison sera renversée et personne ne pourra la reconstruire.

Mais celui qui boit à la source bouillonnante que J’ai fait jaillir, celui-là boit à MA bouche, deviendra comme MOI ; quant à MOI, JE serai lui et ce qui est caché, lui apparaîtra car l’œil dans lequel tu ME vois  est l’œil-même dans lequel JE te vois.

Les deux voies d’accès à la Gnose

Les chrétiens gnostiques des premiers siècles de notre ère ne disposaient probablement que des textes qui ont été retrouvés à Nag Hammadi, parmi lesquels le principal est l’Evangile selon Thomas.

Aussi est-il indispensable d’avoir une connaissance profonde de ces textes si l’on souhaite se pénétrer de ce que fut la Gnose de ces femmes et de ces hommes.

En particulier, l’étude du texte littéral de l’Evangile selon Thomas nous restitue des nuances dont ces gnostiques avaient connaissance et que la plupart des traductions ont gommées.

L’une de ces nuances est d’importance car elle met en évidence deux manières d’accéder à la Gnose. Elle porte sur les deux verbes que ces traductions ont traduits uniformément par « trouver ».

Le premier verbe, qu’on repère aux logia 1, 8, 27, 38, 49, 77, 90, 97, 107 et 111, signifie littéralement « tomber sur ». Il s’agit ici d’une découverte inopinée, d’une merveilleuse surprise comme celle que vit l’enfant de sept jours lorsque sa mère lui sourit.

Le second verbe, qu’on ne repère qu’aux logia 2, 92, 94 et 110, signifie littéralement « recueillir ». Il s’agit là d’un mouvement provoqué par le désir de connaître, d’une recherche. D’ailleurs, ce second verbe  est associé au verbe « chercher » :
– au logion 2 (« Que celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve »),
– au logion 92 (« Cherchez et vous trouverez ») et
– au logion 94 (« Celui qui cherche trouvera »).

Au logion 110, « celui qui a trouvé le monde » est celui qui a « recueilli » les fruits du monde.

Celui qui est resté dans l’innocence de l’enfant de sept jours, n’a pas besoin de chercher car il est toujours dans la lumière.
A besoin de chercher, celui dont la vision a commencé à être obscurcie par le monde.
Le second est, de ce fait, moins bien pourvu que le premier ; mais il serait dommage que  ce dernier le souligne car tout rejet éloigne de la Connaissance.

Il s’agit en fait de deux voies d’accès à la Gnose.
La première voie s’apparente au « repos », la seconde au « mouvement ».
L’une n’est pas supérieure à l’autre, pas plus d’ailleurs que le repos n’est supérieur au mouvement.
Bienheureux sont ceux qui peuvent emprunter la première et ainsi rester en repos.

Mais où mène la seconde voie ? A une impasse. C’est ce que nous dit Maître Eckhart quand il affirme au sermon 15 : « En vérité, tu es le Dieu caché au fond de l’âme. Plus on te cherche, moins on te trouve. Tu dois le chercher de telle sorte que tu ne le trouves nulle part. Si tu ne le cherches pas, tu le trouves ».

« Tu dois le chercher de telle sorte que tu ne le trouves nulle part ». Il te faut épuiser ce désir qui t’anime. Ce travail d’épuisement du désir est un travail de Gnose qui aboutit à une preuve par l’absurde : ce n’est que lorsque l’on n’a rien trouvé, qu’on comprend qu’il n’y avait rien à chercher.

Nothing special but alive

« la même larme pour le bonheur et le chagrin »

à plume des sables

Mon bijou
ma peau
mon coeur

Mon corps ensoleillé
mon coeur toujours nouveau

Marraine au creux de ta gorge
une perle salée
et dedans un océan

Sur ses rivages nos amours parfumées
dans ses profondeurs comme une invitation
Baiser sur le chemin
blague sur l’épaule

ce hiatus sur le souvenir

le désespoir en Chemin
le dé sespoir seul Chemin

Avec toi!

sur mes lèvres, Trésor
indélébile
le sel de l’amour

nuage solitaire