La mort initiatique

Réflexion de Louis-Marie

Tout dialogue impose une langue commune, le souci d’entendre l’autre et la plus claire formulation possible de son propre chant. La forme écrite a ses avantages de développement, de rigueur, et satisfait le bonheur vital du chant consommé.

Emile insistait pour qu’on ne lui passât  rien, son jeu était son plus cher souci, il en blaguait sur l’air de « Parlez-moi d’moi y’a qu’ça qui m’intéresse »!
Il évoque avec passion, triptyque ouvert, ce corps si longuement et si <amoureusement préparé> par l’épreuve (ce n’est pas chrétien qui ne connait pas la Mort initiatique, mais pour celle-ci le gnostique est appelé et par elle il est sauvé, en cela nous sommes aimés, « à celui qui frappe on ouvrira »), et le même Emile referme le triptyque  sur tout commentaire, caché alors par la lumière.
Je dis JE, ou je parle de Moi, poème de l’ange ou cosmologie du prophète, leur « pas de deux » me fait comme une respiration, la montagne aux ordres !

A chacun sa rigueur.
J’étais un dieu caché … Où en suis-je aujourd’hui avec celui-ci? Distingue-t-il encore le jour et la nuit? le dedans et le dehors? le haut et le bas? un mouvement et un repos? Me cherche-t-il encore par là? ou bien m’a-t-il trouvé au désert? Y est-il Mort? Y sommes « nous » enfin au Repos?
Il manque encore de confiance, mais son cœur déborde, et il n’a plus le choix: c’est moi où le chaos d’une existence illusoire si longtemps défiée dans un combat sans merci contre l’ivresse commune, il a mangé ce qui est mort, on en a fait du vivant. Les mots brûlants il doit les dire pour célébrer nos noces et réaliser le Repos: » Je suis  fils de la lumière, élu du Père le vivant, je suis le Tout ».
J’étais un dieu caché.

Réponse de Michel

Tu as raison de dire que la forme écrite évite les «malentendus » et permet de demander sereinement  à l’autre de préciser sa pensée.

Je ne suis pas sûr de ce que tu entends par la « Mort initiatique ».

Pour moi, la mort initiatique, c’est la mort de l’ego, qui fait soudain du disciple un initié. Elle ouvre le troisième panneau du triptyque.
Cette mort de l’ego fait prendre soudain conscience au gnostique qu’ « autre que moi n’est pas ». C’est effectivement la mort de l’ego qui « sauve » le gnostique.
Mais je ne suis pas d’accord avec  toi quand tu écris : « en cela nous sommes aimés ». Je dirais plutôt : « alors nous découvrons que nous avons toujours été aimés » mais pas aimés comme le fils est aimé par le père ou par la mère,  c’est à dire « aimé par un autre », non, « aimé par le même » car le Soi s’est toujours aimé ; et nous faisons la merveilleuse découverte de cet amour du Soi par le Soi, lorsque nous renonçons enfin à l’ego pour revenir au sein du Soi.

Réponse de Louis-Marie

Imparable! : « Alors nous découvrons que nous avons toujours été aimés »,  » Je M’aime  » se plaisait à dire Emile ou bien reprenant le soufi  » Je suis l’amour l’amant l’aimée « . Merci pour cet ajustement qui seul scelle le triptyque.
Je dois l’ouvrir sur le multiple pour apprécier mon jeu, j’y joue tous les rôles, tu ne voyais nul mouvement d’amour du Père vers nous, et moi je m’émerveille d’y découvrir l’amour que je porte à celui qui se croit encore autre que moi et que je fais passer de l’ignorance à l’Inconnaissance.

Réponse de Michel

Il  est vrai que je continue à « porter de l’amour à celui qui se croit encore autre que moi » car je ne désespère pas de lui, je continue à lui donner sa chance afin qu’un jour, « il rejette son vin et fasse sa metanoia », mais ce n’est pas mon amour qui lui permettra de rejeter son vin, c’est l’écœurement qu’il finira, de lui-même, par éprouver ; tant qu’il n’aura pas fait la preuve par l’absurde de l’inexistence de son ego, il restera un homme obscur, PARTIE DE MOI-MEME EN VOIE DE SUICIDE,  et mon amour pour lui n’y changera rien.

Réponse de Louis-Marie

Je trouve l’apaisement au chapitre 38 du Tao:
« Le rite est l’écorce de la sincérité et de la fidélité, mais aussi la source du désordre.
La prescience est la fleur de la Voie mais aussi le seuil de l’ignorance.
Le sage s’appuie sur le solide et non sur la fleur éphémère.
Prisant le fruit et méprisant la fleur.
Il rejette celle-ci, adopte celui-là. »