A la moisson de la Gnose correspond la fin des illusions. La personne est illusion, le monde est illusion, l’âme individuelle est illusion étant séparée. Ce sont ces illusions qui, au jour de la moisson sont brûlées : « Les cieux ainsi que la terre s’enrouleront devant vous… » Log 111.
A la fin du monde objectif et subjectif, que reste-t-il ? Rien, mais certainement la vie nue, intense et radieuse, sans la forme ni l’idée, sans leurs fondations, sans leurs repères qui ont servi à leur construction, ce qui ne veut pas dire sans maîtrise.
Toutes les existences concourent-elles au même but du retour à l’Un originel, mues par un puissant désir primordial si souvent dévié qu’il en est quasi invisible ? Sans doute, et ces déviations innombrables qui diffèrent sans cesse la moisson, font qu’aucun cheminement n’est identique à un autre, qu’aucun modèle figé n’est applicable, que la découverte de la vérité sera toujours inédite et nouvelle, comme l’est le magique instant présent, lieu de la Vie.
Les facteurs d’influence qui modèlent la construction de la personne sont si nombreux et obscurs, héritage de la lignée, prédispositions karmiques, milieu environnant, qu’inévitablement le désir primordial de retour à l’Origine (qui est ce qui va amener à la moisson) se trouve mélangé aux influences innombrables qui construisent l’aventure individuelle (l’ivraie). Les séparer trop tôt reviendrait à casser la dynamique de réponse à l’appel intérieur, si on tenait les comptes statistiques on dirait que le conformisme fait des ravages de tous temps, y compris aux époques d’ouverture des mentalités.
Une fois l’ivraie brûlée, je ne saurais être conforme puisque toutes références sont parties en fumée ! Et pour en arriver là il a fallu me protéger des jardiniers bien pensants et bons conseillers prompts à juger indécente la nature sauvage et insoumise du Vivant assoupi en eux-mêmes. L’insoumission ne nécessite pas forcément la provocation, pourquoi réveiller et attiser les forces contraires, le temps disponible est limité, Emile disait que le gnostique a le sentiment de l’urgence, c’est maintenant ou jamais.
Et c’est dedans, à l’intérieur. Toute confrontation ou polémique avec des contradicteurs n’est que perte de temps inutile. La pensée la plus brillante ne peut saisir la lumière qui la précède, elle sera elle aussi au milieu de l’incendie le jour de la moisson. De même que pour vivre heureux il vaut mieux vivre caché, pour trouver la vérité mieux vaut chercher discrètement et ainsi éviter les vérités supérieures de tous ceux qui l’ont déjà trouvée…
Christian, 29/04/2015