Emile disait : « On ne devient pas gnostique, mais on nait gnostique ». Dès lors, il ne reste plus qu’à découvrir qui « je » suis, sauf que dans un premier temps la phase d’acquisition construction de la personne précède inévitablement celle du bouleversement émerveillement et règne sur le tout. Présenté comme ça en quelques mots cela semble simple, évident, presque rapide : il est vrai que le temps est une notion relative, élastique, et remise en question dans l’approche de la Gnose ;
il est certain aussi que la venue au monde recèle son lot de souffrances pour celui qui « est au monde mais n’est pas du monde », avant de laisser place à l’émerveillement.
Que père et mère fussent équilibrés et sains, ou qu’ils le fussent beaucoup moins, dans tous les cas pour l’enfant et le jeune adulte qui a « cela en lui »(Log. 41 et 70), ils finissent rapidement par défaillir comme modèles aux yeux de celui qui recherche l’absolu, et cela durera jusqu’à ce que la manifestation dans ses différents aspects et les secrets de la Vie aient trouvé leur juste place dans la Connaissance véritable. Il en va de même pour frères et sœurs qu’ils soient de sang ou bien l’humanité entière : le constat de leur ivresse généralisée (Log 28), de leur orgueil, prétention à savoir, de leurs orientations intérieures, de leur méconnaissance d’eux-mêmes suffit à le renvoyer à lui-même. La croix qu’il doit alors porter est celle d’une solitude qu’il doit assumer et qui ne le quittera plus, même au sein des relations trouvées ou retrouvées, une certaine marginalité, une différence intérieure irrépressible qu’il ne saurait renier, sans pour autant la cultiver (contrairement à l’attitude ignorante de celui qui se veut différent pour s’affirmer).
Il y a donc des conditions à remplir pour pouvoir se faire le disciple de Jésus Le Vivant : ne pas récuser ses semblables revient à ne pas voir ni pressentir leur méprise, c’est, du point de vue de la Gnose, se méprendre soi-même. Et c’est rédhibitoire.
Christian, 28/09/2014