Au logion 2, il est écrit que le gnostique « règnera sur le Tout ». Dans cette perspective pour le moins extra-ordinaire, il n’a plus besoin de quiconque ni de rien et il peut se déclarer « pauvre » qui plus est « pauvre volontaire ».

Dans le présent logion, c’est de cet état dont Jésus se réjouit pour lui comme pour nous. Mais pour le connaître, il faut d’abord connaître ceux qui le précèdent et le préparent, autrement dit, être capable de s’émerveiller et d’être bouleversé.

L’émerveillement est facilement accepté, il n’en est pas de même du bouleversement qui dérange et remet en question des certitudes auxquelles on tient, nombreux sont ceux qui craignant l’inconnu, s’arrêtent en chemin.

Quant au Monakhos « qui parvient à régner sur le Tout », il le manifeste sans jubilation inutile ni prosélytisme, mais en disant avec Jésus au logion 77:

« Je suis la lumière qui est sur eux tous.
Je suis le Tout.
Le Tout est sorti de moi,
et le Tout est parvenu à moi.
Fendez du bois, je suis là;
levez la pierre,
vous me trouverez là. »

Heureux sont-ils les pauvres lorsque le Royaume est à eux!

Et comme nous le révèle poétiquement Emile: « … c’est là comme la totalité sans limite, c’est perçu comme une vision sans quelqu’un qui voit, et sans quelque chose à voir, c’est vécu dans une paix et une simplicité où rien n’est plus séparé.

Le comparable s’est effacé devant l’incomparable. On baigne dans un univers sans contraire, sans contraste, sans désir et sans peur … »

André